Sur les chemins de l’éveil

 

·

Récit d’un voyage au Népal

Photos : Louise Garin et texte : Sarah Garnier

Tout commence par une envie irrésistible de marcher, ralentir le rythme effréné de nos quotidiens. Le choix de fouler la terre mystique des plus hautes montagnes du monde s’impose assez vite. 

Propulsées dans la poussière du quartier Thamel de Katmandu, jonglant entre les rickshaw, mobylettes et les vendeurs ambulants, on ouvre grand les yeux, pour saisir le mouvement, les couleurs et les odeurs enivrantes. Après des formalités incontournables pour obtenir un droit d’entrée aux zones de trek, quelques heures de soubresaut dans un bus local, nous voilà à Nayapul, sacs sur le dos, aux portes d’un sentier des Annapurna.

Alors débute l’ascension jusqu’à Poon Hill, point culminant de notre parcours, des milliers de marches à gravir pour expurger et libérer les toxines de nos égos, jusqu’à oublier même parfois leur présence, pour n’être plus que dans l’instant, l’ici et maintenant. Premier ravitaillement à Ulleri, un Dhal baht, des heures de sommeil plus tard et 1000 mètres d’altitude en plus, on reprend le chemin d’un bon pas. On traverse des forêts de rhododendrons, des ponts suspendus, des villages traditionnels entourés de murets habillés d’arbustes et plantes fleuries, et d’où surgit au loin le tintement des cloches des troupeaux de mulets. 

On quitte la chambre du lodge chaleureux de Om Poun à Ghorepani vers 4h30 le lendemain matin, lampes torches sur le front, emmitouflées avec toutes les couches possibles, pour assister à l’éveil du soleil sur les toits du monde. Après avoir englouti près de 500 mètres de dénivelé, on atteint enfin, à 3210 mètres, le balcon aux premières loges de la chaîne du Dhaulagiri, des Annapurnas et du Machhapuchhare. Dans un ciel parfaitement dégagé, les rayons du soleil levant viennent doucement caresser les sommets enneigés de l’Himalaya et nos joues saisies par le froid. On a envie de s’incliner devant l’immensité qui s’éclaire sous nos yeux contemplatifs, et exprimer notre gratitude à la nature qui nous fait ce don divin. 

Après Poon Hill, on marchera encore quelques jours au cœur de cette nature éclatante, offrant une diversité incroyable de décors, avant de dénicher le paradis caché dominant le lac de Pokhara (Hidden Paradise). On retournera finalement à nos quotidiens, habitées d’un souffle plus profond, débarrassées de quelques maux, plus éveillées, plus attentives à nos sens et au présent…